Contrôle d'échantillon de semoule de maïs © Passion Céréales
De multiples contrôles pour garantir la qualité sanitaire des productions céréalières
Passion Céréales
Collecteurs de grains, meuniers, semouliers ou encore fabricants d’aliments pour animaux … Tous les acteurs de la filière céréalière veillent et s’assurent que leurs grains, farines, semoules et autres aliments sont parfaitement sûrs pour les consommateurs. En outre, dans le cadre des réglementations relatives à la sécurité sanitaire et à la traçabilité, les opérateurs sont, chacun à leur niveau, responsables civilement et pénalement des produits qu’ils mettent en marché.
Ils s’appuient pour cela sur la règlementation européenne(1). Elle détermine pour différents contaminants des valeurs seuils à ne pas dépasser dans les denrées alimentaires et les aliments pour animaux, ainsi que pour les matières premières qui les composent. Ces limites, établies sur la base de travaux scientifiques de toxicologie, intègrent des coefficients de sécurité garantissant que les produits n’ont pas d’impact sur la santé humaine et animale.
Les agriculteurs et les opérateurs de la filière (collecteurs de grains, fabricants de farine, pâtes, aliments…) sont engagés dans la prévention et la gestion des risques liés aux différents contaminants. Afin de s’assurer que leurs productions sont saines, les collecteurs et les industriels définissent et déploient un plan de surveillance. Celui-ci apporte un cadre aux nombreux contrôles réalisés. Chaque maillon de la filière s’assure ainsi du respect des valeurs seuils. Ces analyses concernent principalement pour les céréales et les produits céréaliers les mycotoxines(2), les métaux lourds (plomb, cadmium…) et les résidus de produits phytosanitaires.
(1)Règlement (CE) N°178/2002 établissant les principes généraux et les prescriptions générales de la législation alimentaire, instituant l’Autorité européenne de sécurité des aliments et fixant des procédures relatives à la sécurité des denrées alimentaires, Règlement (CE) N°1881/2006 modifié portant fixation de teneurs maximales pour certains contaminants dans les denrées alimentaires, Directive 2002/32 fixant les teneurs maximales pour les substances indésirables dans l‘alimentation des animaux
(2)Les mycotoxines sont des substances toxiques pour l’homme et les animaux, qui sont produites par des champignons microscopiques comme les moisissures (Aspergillus, Fusarium, Penicillium etc.). Le Guide interprofessionnel de gestion des mycotoxines dans la filière céréalière, qui décrit les bonnes pratiques de prévention et de gestion en la matière, est disponible auprès d’Intercéréales : contact@intercereales.com [1]
Les contrôles préventifs
Avant et pendant la récolte des céréales, Arvalis-Institut du végétal et FranceAgriMer réalisent de nombreux contrôles qui leur permettent d’informer les filières céréalières sur l’état sanitaire des cultures.
Les contrôles réalisés par les opérateurs de la filière céréalière
Les collecteurs de grains, également appelés organismes stockeurs, mettent en place un plan de surveillance qui repose à la fois sur la réglementation mais aussi sur des critères qu’ils définissent eux-mêmes (risques spécifiques à la région, demande des clients…). Pour certaines mycotoxines, leur stratégie de surveillance peut également être complétée par la mise en œuvre d’outils de diagnostic précoces pour évaluer le risque avant chaque récolte.
Ces contrôles sont réalisés une fois que les organismes stockeurs sont en possession des grains, à des périodes pouvant varier selon les contaminants recherchés. Une majorité des analyses sur les mycotoxines vont par exemple être menées au moment de la récolte et de la collecte, afin de permettre aux collecteurs de déployer rapidement des actions si les résultats des tests l’imposent (voir notre partie Quelles suites aux contrôles ?). La plupart des autres contrôles (pour évaluer la présence de métaux lourds par exemple) sont conduits toute l’année, souvent à l’occasion d’un transfert entre silos ou d’une expédition.
Les prélèvements de grains sont généralement effectués par l’organisme stockeur. Les échantillons sont ensuite transmis à un laboratoire qui va procéder aux analyses nécessaires. Des méthodes rapides, alternatives aux méthodes chromatographiques, se développent depuis une dizaine d’années. Ces « kits rapides » permettent ainsi aux collecteurs de réaliser eux-mêmes des contrôles pour détecter la présence de mycotoxines. Certaines années, l’analyse peut se faire à chaque benne livrée par les agriculteurs.
Parallèlement, un suivi annuel de l’état sanitaire des récoltes de céréales est organisé par FranceAgriMer et ARVALIS – Institut du végétal à l’échelle du territoire. Différents dispositifs sont déployés, par prélèvements chez les collecteurs, pour obtenir une photographie représentative de la collecte et par un échantillonnage conjoint auprès des agriculteurs pour descendre à l’échelle de la parcelle. L’information qui en est issue est partagée au sein de l’Interprofession céréalière pour conforter les perceptions et stratégies individuelles.
Les contrôles réalisés par les pouvoirs publics
Les agents des directions départementales chargées de la protection des populations (DDPP et DDCSPP) effectuent régulièrement des contrôles sur les grains en prenant appui sur un plan de surveillance. Certains prélèvements sont réalisés de manière aléatoire, d’autres sont menés après avoir identifié des facteurs de risque (présence accrue d’un contaminant dans une zone géographique définie…). Une fois les analyses réalisées, les résultats individuels sont communiqués aux opérateurs et les synthèses annuelles sont disponibles sur le site de la DGCCRF [2].
Au-delà des analyses réalisées sur la matière première à l’entrée des silos de collecte, chaque secteur aval déploie des mesures d’autocontrôle dans le cadre de son plan de surveillance. L’ensemble des produits issus de la transformation des grains (farine, pâtes, aliments composés…) fait l’objet d’analyses régulières de la part des opérateurs céréaliers comme des pouvoirs publics. Là encore, l’objectif est de s’assurer que les produits répondent aux seuils imposés par la réglementation européenne et disposent de l’ensemble des garanties sanitaires pour être consommés en toute sécurité par les hommes ou par les animaux.
Les multiples contrôles réalisés ont un autre intérêt : leur étude permet d’avoir une vision globale de la qualité sanitaire du secteur céréalier français. C’est tout l’objectif porté par l’observatoire Hypérion [3]. La structure mutualise les résultats des analyses réalisées à travers la filière par les différents opérateurs (organismes stockeurs, transformateurs…). Elle leur apporte ainsi une fine connaissance du sujet et permet, dans le même temps, de faire progresser leurs stratégies de contrôle. L’association Oqualim [4]accompagne, pour sa part, le secteur de la nutrition animale dans la maîtrise de la sécurité sanitaire.
Que se passe-t-il si la valeur seuil d’un contaminant est dépassée ? Des actions peuvent être menées pour réduire sa présence. C’est par exemple le cas lorsqu’un taux trop important de mycotoxines est détecté lors des phases de récolte et de collecte. Un nettoyage des grains ou une opération de tri permettront ainsi dans certains cas de repasser sous les limites autorisées.
Si les taux demeurent trop élevés, l’organisme stockeur a la possibilité d’orienter les céréales vers un débouché non alimentaire. Le lot peut par exemple servir à la production d’énergie dans une unité de méthanisation. En cas contraire, les grains sont détruits.