Réglage du semoir - observation de la semence de blé © Sebastien D'Halloy-Reportage photos semis chez Fabien Driat
Agriculteur multiplicateur de semences
Passion Céréales
Face aux effets conjugués de la hausse de la demande alimentaire, des évolutions climatiques et de la baisse des surfaces agricoles, la sélection variétale et la qualité des semences qui en sont issues représentent un enjeu majeur. Si toutes les cultures végétales sont concernées, le défi est particulièrement important pour les céréales qui sont à la fois un pilier de l’alimentation et un levier de la sécurité alimentaire.
La filière « semences » [1] a ainsi pour mission première de mettre au point, produire et livrer aux agriculteurs des variétés offrant un meilleur rendement dans des conditions de développement de plus en plus difficiles pour les plantes. Considérée comme l’une des mieux structurée au monde et n°1 en Europe, la filière semences française regroupe cinq familles d’acteurs : les entreprises de création variétale, les agriculteurs multiplicateurs, les entreprises de production et de distribution de semences, les agriculteurs, les utilisateurs industriels des productions agricoles.
Le rôle de l’agriculteur multiplicateur de semences est de reproduire à l’identique et en grande quantité des semences à partir de semences dites « de base » qui lui sont fournies par l’établissement semencier avec lequel il est en contrat.
L’agriculteur multiplicateur de semences travaille pour les agriculteurs. En tant que tel, il connaît parfaitement les usages, les objectifs et les contraintes de ses confrères. Dans la plupart des cas, son activité ne se limite pas à la production de semences : cela peut être son activité principale mais elle est rarement unique.
Le multiplicateur choisit les variétés qu’il souhaite cultiver au sein des différentes familles : blé tendre, blé dur, orge, maïs.... Son travail s’effectue dans le cadre d’un contrat avec l’établissement semencier (coopérative agricole ou entreprise privée de négoce [2]) qui lui fournit les semences de base et à qui il livre la totalité de sa récolte [3].
Le contrat est assorti d’un cahier des charges rigoureux qui fixe notamment les critères de qualité attendue ainsi que les surfaces consacrées à la multiplication. Le respect de ce cahier des charges est la condition nécessaire pour que les semences produites obtiennent la certification officielle indispensable à leur mise sur le marché.
La qualité des grains-semences récoltés répond à trois règles d’or :
- Faculté germinative : les graines doivent être aptes à germer lorsqu’elles seront semées,
- Pureté variétale : tous les grains sont de variété identique au sein d’un même lot,
- Pureté spécifique : chaque lot est exempt de grains issus d’autres végétaux (mauvaises herbes, autres cultures...)
L’agriculteur multiplicateur met ses compétences techniques au service de la qualité de ses semences. Au quotidien, la conduite des cultures de multiplication requiert un travail spécifique à plusieurs niveaux :
- La parcelle concernée doit être isolée des autres cultures (10 m minimum) afin de préserver l’homogénéité du lot,
- La rotation des cultures mises en place sur la parcelle doit être maîtrisée (nature et ordre de succession des plantes),
- Au niveau du travail du sol, la parcelle doit faire l’objet d’un désherbage méticuleux, le plus souvent réalisé de manière manuelle ou mécanique,
- Le réglage des semoirs doit être effectué avec précision afin d’avoir la densité de culture fixée par le cahier des charges,
- Le nettoyage des moissonneuses et des bennes de transport doit être minutieux afin de garantir la pureté des lots.
L’agriculteur multiplicateur travaille en étroite collaboration avec les techniciens de l’organisme donneur d’ordre qui lui apportent conseils, préconisations et procèdent à différents contrôles, avant et après récolte. La certification des semences produites est délivrée par le Service officiel de contrôle de l’interprofession des Semences et Plants (GNIS [4]), placé sous l’égide du ministère de l’Agriculture.
1er pays producteur européen de semences, avec plus de 380 000 hectares cultivés, la France compte 18 600 agriculteurs multiplicateurs de semences, sachant qu’un tiers d’entre eux se consacrent aux céréales. S’ils sont essentiellement implantés dans cinq grandes régions productrices de semences (Centre-Pays de Loire, Nord-Bassin parisien, Sud-Ouest, Rhône-Méditerranée), il en existe dans tous les départements.
Les formations agricoles et agronomiques proposées par les lycées et instituts agricoles en France peuvent conduire au métier d’agriculteur multiplicateur, mais les formations spécialisées sont un atout supplémentaire pour réussir dans ce métier.
Le Brevet de technicien supérieur agricole (BTSA) Agronomie-Productions végétales propose notamment une option « système semencier » dont l’objectif est d’accéder à une connaissance approfondie des systèmes de production de semences dans une perspective de développement durable. Sept établissements scolaires proposent ce module (cliquer ici [5]pour consulter la liste des établissements).
Parole de pro… « Le métier de multiplicateur de semences est assez peu connu en dehors du monde agricole, et les consommateurs ne savent pas toujours que nous sommes à l’origine des productions agricoles qu’ils apprécient... C’est un métier très exigeant au plan technique, mais aussi très attractif au plan économique et très motivant car nous sommes en prise directe avec l’innovation. Lorsqu’une nouvelle variété est mise au point nous sommes les premiers à l’avoir, et c’est pour nous une fierté de la multiplier pour la mettre à disposition des autres agriculteurs ! » |
POUR EN SAVOIR PLUS...
Le site du Groupement national interprofessionnel des semences et plants (GNIS)
www.gnis.fr [6]
Le site de la Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences (FNAMS)
www.fnams.fr [7]
Témoignages d’agriculteurs multiplicateurs sur le secteur et leur métier en vidéo ici [8]