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Dossier

L'agriculteur

A partir des semences obtenues grâce aux sélectionneurs et aux semenciers, l’agriculteur cultive différentes céréales qu’il va récolter en respectant le cycle de la plante. L’agriculteur va par la suite livrer sa récolte à des coopératives ou à des négociants qui la stockent.


En début de ‘campagne', l'agriculteur céréalier détermine les cultures qu'il va faire pousser pendant l'année. Ce choix est déterminé en fonction des débouchés souhaités, des conditions pédoclimatiques de son exploitation, de la rentabilité possible, etc...

Pour chaque espèce de céréales (blé tendre, blé dur, maïs, riz, orge, avoine…), les agriculteurs utilisent différentes variétés adaptées à leur terre, à leur région et à leurs marchés. La première étape de leur travail consiste à préparer les sols pour le semis, puis de mettre en terre les semences.

Surveillées tout au long de leur développement, les cultures font l’objet de soins contre les parasites et les maladies, et ce pour obtenir une production de qualité. Les récoltes débutent en juillet pour les céréales à paille (blé, orge…) et s’effectuent en octobre-novembre pour le maïs et le riz.

256 000. C'est le nombre d'exploitations agricoles professionnelles cultivant des céréales (riz inclus) en 2013.

52% des exploitants sont âgés de 40 à 55 ans. Seuls 30% des exploitants ont moins de 40 ans.

33% des exploitants agricoles ont une activité secondaire (janvier 2011). La pluriactivité est une tendance à la hausse depuis les années 2000, en particulier les activités secondaires non agricoles.

Près de 60% des exploitations cultivant des céréales allouent moins de 30 hectares à cette activité.

Noël Danilo s'est installé à Ploermel, en plein cœur de la Bretagne. Son exploitation s'étend sur 65 hectares, compte 35 vaches laitières et un nombre identique de génisses de renouvellement. Côté production, Noël Danilo cultive 15 hectares de maïs et 15 hectares de blé pour nourrir son troupeau. 7 à 8 hectares de son exploitation sont consacrés aux poids légumes à destinations de l'alimentation humaine, et le reste est réservé aux surfaces enherbées pour le troupeau.

« Je suis issu du monde agricole. Je suis fils et frère d'agriculteurs donc on peut dire que l'agriculture, je suis tombé dedans tout petit ; je suis comme Obélix, tombé dans le chaudron !

[...] Les  journées sont bien remplies ; elles démarrent à 7h ; mais tout dépend des saisons, parce qu'il y a des périodes d'activité un petit peu plus intenses, comme par exemple au moment des semis ou au moment des récoltes. En période normale, ma journée, c'est 7h-19h avec une très grande liberté de mouvement, ce qui est d'ailleurs un des points qui m'a fait aller vers ce métier. J'ai une qualité de vie aujourd'hui que je ne voudrais plus changer par rapport à mes missions précédentes.

En Bretagne, nous sommes dans une région vulnérable du point de vue environnemental. 85% de mon parcellaire est à risque fort de ruissellement des engrais, produits phytosanitaires vers le milieu naturel... J'ai donc pris les mesures nécessaires pour améliorer mes pratiques : mise en place de bandes enherbées, de couverts végétaux en hiver, bonne gestion de la fertilisation, bonne gestion des produits phytosanitaires, utilisation de produits moins agressifs vers le milieu naturel. [...] Aujourd'hui, les agriculteurs sont très conscients de la demande sociétale vis-à-vis de l'environnement ; je dirais que 90% d'entre eux tiennent compte de cette demande environnementale. L'ensemble des agriculteurs qui passent sur mon exploitation sont assez réceptifs à un type d'agriculture plus respectueux de l'environnement. Pour moi, une agriculture raisonnée, c'est maintenir une productivité sur mon exploitation tout en réduisant les charges, et arriver à un produit fini que je qualifie de sain, loyal et marchand.

L'agriculture est un secteur qui a de l'avenir ; demain, les gens auront toujours besoin de se nourrir, il faudra bien assurer leurs besoins. La mission de l'agriculteur, elle est très noble, c'est celle de nourrir son prochain. Il faudra continuer à produire des volumes. Mais avec une notion de production, sûrement un peu différente par rapport à ce qu'on a connu ; en résumant en quelques mots : produire plus, mieux, avec moins. Il y a une deuxième mission que je voudrais mettre en avant aussi : l'entretien de l'espace ; nous sommes les jardiniers de la France ! »

 

Claude Petitguyot est producteur et éleveur. Il gère une exploitation de 93 hectares, en Franche-Comté, à Mont-sous-vaudrey dans le nord du Jura. Il a 35 vaches mères dont il engraisse les veaux pendant 2 ans.

«Je ne me présente pas comme agriculteur, mais comme un chef d'entreprise. A travers le métier d'agriculteur, il y a plein d'autres métiers : électricien, vétérinaire, comptable, mécanicien ; il s'occupe des plantes, des animaux, il est maçon, il fait tout ! Pour moi, c'est un métier intéressant parce qu'on est diversifié. [...]

C'est une vie avec plein de rebondissements. Par exemple, quand on voit des nuages ‘jaunes' arriver, on se dit, c'est la grêle. On attend que ça se calme, puis on monte en voiture pour faire le tour des champs pour faire le bilan. Et on peut être amené à réaliser que certaines parcelles sont complètement touchées... Sur le coup, c'est très dur... On se dit qu'on a investi une somme d'argent en semences, en engrais, en produits phytosanitaires ; on a tout fait pour que ça pousse au fil des mois, pour arriver à avoir du grain au bout de la tige ; et à un moment donné, en l'espace d'une minute, tout est par terre. Ca fait un choc.

[...] En fait, notre seul patron, c'est la météo. S'il fait beau, on n'a pas peur de faire des heures, on travaille, on fait en fonction de la météo ; s'il pleut, on ralentit, on fait moins de choses...

Je n'ai jamais fait le calcul sur une semaine ou sur un mois, pour voir le nombre d'heures effectuées. En période hivernale, c'est-à-dire de novembre jusqu'en février, je suis à 6h30 sur l'exploitation pour soigner les animaux, le soir, je suis chez moi vers 19h-19h30. L'été, c'est complètement différent, c'est plutôt 5h30 jusqu'à 22h. Les vacances, c'est toujours au mois d'août puisque c'est le mois qui est à peu près creux. Je prends entre 10 et 15 jours de vacances.

Malgré mon emploi du temps chargé, j'appartiens à une association professionnelle en partie pour ne pas rester seul sur mon exploitation. J'en tire des bénéfices, je vis autre chose ; on a l'esprit ouvert, on apporte des éléments, on reçoit des éléments d'autres personnes qui sont là, c'est un échange, c'est quelque chose d'enrichissant.»