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Dossier

L’agriculteur et le satellite… Ou comment les « high-tech » entrent dans le champ

Avec le 21e siècle, le monde agricole en général et le secteur céréalier en particulier sont entrés dans une ère nouvelle où les hautes technologies se mettent au service d’un véritable management des exploitations et des cultures. Une vision novatrice dont l’impact se mesure autant en termes de performance et de rendements que de développement durable.


Grâce aux possibilités offertes par l’imagerie satellitaire, les terminaux embarqués et autres outils de diagnostic et de décision contribuent à augmenter les performances d’un monde agricole en profonde mutation. Confirmant cette tendance, l’anthropologue et ethnologue Geneviève Cazes-Valette, professeur à la Toulouse Business School, souligne que désormais « le stéréotype d’un agriculteur folklorique, voire archaïque, tend à disparaître face à la réalité des compétences techniques acquises et des évolutions de son métier. »

Dans l’univers des grandes cultures, le progrès ne se mesure pas uniquement à l’envergure, souvent spectaculaire, des moissonneuses et engins agricoles de nouvelle génération. C’est en s’installant aux commandes de l’une de ces machines que l’on peut entrevoir ce qu’est réellement devenue l’agriculture moderne. Si volant, manettes de commandes et pédales sont toujours bien là, le véritable outil de pilotage se situe près du tableau de bord où trône une console informatique à écran tactile, guère plus large qu’un GPS d’automobiliste, mais beaucoup plus performante. Grâce à ce terminal embarqué, l’agriculteur est relié à un puissant logiciel lui dispensant en temps réel informations et conseils afin d’optimiser la gestion de la parcelle sur laquelle il travaille. Au besoin, un système de guidage automatique par satellite dispense le chauffeur de surveiller sa trajectoire et lui permet de se concentrer sur le fonctionnement du véhicule.

Le point de commun de ces technologies est de fonder et rendre possible le principe « d’agriculture de précision ». Celui-ci consiste à mettre en œuvre les moyens strictement nécessaires et suffisants, notamment en termes de produits de fertilisation et de protection des plantes, pour valoriser au maximum le potentiel des parcelles tout en améliorant le bilan environnemental des cultures. Les agriculteurs ont aujourd’hui à leur disposition toute une panoplie d’outils d’aide à la décision (OAD) associés à des systèmes d’alertes en temps réel (sur ordinateur ou téléphone portable) pour cibler leurs interventions et en évaluer la pertinence, autrement dit pour faire le choix du « bon moment au bon endroit » et de la « juste dose » en adaptant étroitement les intrants et les quantités de produits aux conditions locales : sol, climat, pression des maladies, ravageurs, mauvaises herbes...

Parmi ces outils, se trouve le dispositif Farmstar®, spécialement conçu pour les cultures céréalières et le colza. Fruit d’un partenariat de recherche et développement entre Arvalis-Institut du végétal, le Centre technique des oléagineux (Cetiom) et Astrium (filiale du groupe Airbus Defence and Space), ce système met à profit l’imagerie et la cartographie par satellite pour fournir à l’agriculteur une vue aérienne des parcelles. Des zones de couleur donnent une vision précise de l’état de la culture (stade de développement, apparition de maladies ou de parasites…) et des éventuels besoins d’intervention (fertilisation, traitement de protection de la plante…).

Après décryptage de la carte satellitaire, le système croise et interprète un ensemble de données puis déclenche les actions adaptées. Par exemple, le dispositif de pulvérisation attelé au tracteur sera ajusté avec une précision de l’ordre de quelques centimètres. On évite ainsi toute superposition de traitement ou toute pulvérisation inutile sur les zones ne nécessitant pas d’intervention.

Farmstar® est loin d’être réservé au seul cercle restreint d’agriculteurs les plus modernistes. « En France, plus de 14 000 exploitations utilisent déjà ce service, explique un responsable d’Astrium. Il couvre 60 000 parcelles, soit 800 000 ha de cultures, et son déploiement progresse chaque année de 10 %. » Au-delà de l’impact économique évident (gains de temps et moindre quantité de produits), la réduction des fréquences d’intervention et des volumes de produits utilisés se traduit directement par une amélioration du bilan environnemental des cultures.

À cette maîtrise des équipements de haute technologie, l’agriculteur du 21e siècle ajoute une autre facette à son profil : celle d’un homme « connecté »… En effet, comme dans tous les secteurs moteurs de l’économie, les exploitants ont su tirer parti du développement du web 2.0 pour créer des espaces d’échanges et de partage d’informations. L’apparition des forums et des blogs a favorisé la constitution d’une véritable communauté en ligne d’agriculteurs, déjà active sur des médias sociaux comme Facebook ou Twitter. Un phénomène qui s’impose désormais chez les agriculteurs comme une autre manière de cultiver... des réseaux.

 

Des drones civils veillent sur les cultures
Considéré comme un outil d’avenir dans de multiples domaines, le drone est un outil particulièrement adapté au survol à basse altitude des cultures agricoles. Rapide à mettre en œuvre à n’importe quelle saison, il survole toute surface agricole en s’affranchissant des problématiques de nébulosité. De petite envergure, il peut décoller et atterrir sur les parcelles. Ses capteurs optiques et infrarouges évaluent l’état du couvert végétal et en mesurent la croissance. Il pourrait s’avérer particulièrement utile dans le traitement des « plantes adventices » (mauvaises herbes), permettant d’identifier la zone de parcelle concernée et de circonscrire le traitement. Son utilisation est appelée à connaître un fort développement dans l’agriculture d’aujourd’hui.