Transport de céréales, train et cargo Seine-Maritime © Passion Céréales
Le transport des céréales : la logistique, un enjeu stratégique pour la filière
Passion Céréales
Chaque année, 64 millions de tonnes de céréales sont récoltées en France en moyenne. Blé [1], maïs [2]ou encore orge [3]… L’ensemble de ces grains va être transporté pour rejoindre progressivement les lieux de transformation, puis les bassins de consommation, dans l’Hexagone comme à l’international.
Les professionnels de la logistique organisent les flux céréaliers
Transport, stockage, manutention : toute une filière est chaque jour en action en France, de la collecte à l’expédition des grains. Elle s’appuie sur de nombreuses infrastructures réparties sur l’ensemble du territoire. Notre pays dispose ainsi d’un maillage de plus de 7000 centres de collecte et/ou de stockage, présents tout particulièrement au cœur des zones de production céréalière mais aussi au plus près des sites d’exportation. La filière logistique bénéficie également de nombreux axes de communication pour transporter les céréales, ainsi que d’un important réseau de ports céréaliers maritimes et fluviaux, de Dunkerque à La Rochelle, de Rouen à Sète.
La logistique apparaît donc comme un maillon stratégique des processus de production et de distribution de la filière céréalière. C’est elle qui garantit le transfert des marchandises des producteurs vers les intermédiaires puis les acheteurs finaux. Son efficacité est ainsi déterminante pour répondre aux demandes des marchés dans un contexte de concurrence internationale de plus en plus vive. En cela, la logistique est un facteur-clé de compétitivité pour les acteurs français de la filière.
Que devient le grain, une fois la récolte effectuée ?
S’il peut être stocké à la ferme, il est, la plupart du temps, acheminé par la route vers les sites de collecte de proximité. Généralement implantés « au bout du champ » (à une dizaine de kilomètres du lieu de récolte), ces silos sont gérés par des organismes stockeurs (coopératives ou négoces agricoles).
Le stockage joue un rôle stratégique, essentiel à la bonne marche de la filière et à la fluidité de ses échanges commerciaux. La conservation des grains au cœur des silos permet en effet de lisser les flux : la récolte ainsi conservée peut être vendue tout au long de la campagne de commercialisation, au fil des demandes des clients. Pour ce faire, la France dispose d’un atout considérable : ses capacités de stockage commercial sont particulièrement importantes, de l’ordre de 59 millions de tonnes en 2014, soit un volume quasiment équivalent à la collecte moyenne annuelle (64 millions de tonnes). La régularité des approvisionnements est ainsi assurée.
Les organismes stockeurs réalisent différentes interventions sur les grains collectés. Ceux-ci sont analysés, triés et répartis par lots (« allotement ») en fonction de leurs caractéristiques (critères qualité comme le taux de protéines…). De même, ils effectuent un ensemble d’opérations garantissant la bonne conservation des céréales sur un plan sanitaire (voir notre dossier : la « collecte » veille aux grains [4]).
Ce stockage des grains a pu, au fil des ans, voir sa compétitivité renforcée à la faveur d’innovations. Le numérique s’invite par exemple aujourd’hui dans les silos qui peuvent être connectés. Les solutions digitales permettent aux opérateurs de gérer en temps réel collecte et stockage sur le plan logistique. Des avancées scientifiques permettent également de faire évoluer les modalités de conservation des grains. Certains silos proposent ainsi un stockage sans utilisation d’insecticide chimique, en adoptant des stratégies alternatives de lutte contre les insectes comme l’abaissement de la température.
Stockage de blé à la ferme pendant la moisson @Passion Céréales
Stocké dans un silo, notre grain de blé tendre poursuit sa route quelques semaines ou quelques mois après sa récolte. Commercialisé par les organismes stockeurs, il est livré à un site de première transformation, un moulin de la région par exemple. Le transport se fait le plus souvent en camion, mais peut aussi être effectué en péniche ou en train. Le voyage est de courte durée : le client est fréquemment situé à proximité du lieu de stockage (souvent à moins de 200 km). D’autres grains, blé dur, maïs ou orge, prendront dans le même temps la route vers d’autres destinations : semoulerie, amidonnerie, malterie ou encore unité de production d’aliments pour animaux. Ils pourront être, dans un second temps, acheminés vers des industries de seconde transformation (biscuiterie, brasserie…).
Des filières de proximité sont aujourd’hui en développement dans le secteur céréalier. Elles permettent de mettre en place des circuits logistiques locaux positifs tant pour l’environnement, car impliquant des temps de transport réduits, que pour l’économie locale. C’est le cas par exemple de la filière de la baguette francilienne. Les grains récoltés en Ile-de-France sont livrés à des meuniers du territoire. Lesquels proposent ensuite leur farine 100 % locale à des boulangers de la région.
Silo de céréales @Pixabay
Tous les grains ne sont pas destinés au marché national
Loin s’en faut : la moitié de la récolte française est exportée chaque année (soit environ 20 millions de tonnes). Pour rejoindre les unités de transformation étrangères, notre grain de blé tendre va tout d’abord rallier les ports exportateurs. Le transport peut s’effectuer par camion, péniche ou train, au sein d'une chaîne logistique gérée par l’organisme stockeur. Il est alors pris en charge au sein des infrastructures portuaires (manutention, stockage). Enfin, il est chargé à bord d’un des bateaux présents au port (certains peuvent transporter jusqu’à 60.000 tonnes de grains) pour gagner sa destination finale, dans un pays de l’Union européenne, en Afrique du Nord ou encore en Chine.
Les différents types de transports des céréales
Le transport des grains est aujourd’hui réalisé en grande majorité par la route (à 79 % pour la campagne 2017-2018 selon des données de FranceAgriMer). La part de la voie d’eau représente environ 16 %, celle du rail environ 6 %. Au vu de la place importante prise par le transport routier, des réflexions sont menées aujourd’hui au sein de la filière céréalière pour améliorer le bilan carbone de ces livraisons. Cela passe notamment par l’acquisition de véhicules plus propres dans les flottes (motorisation électrique par exemple) ou par une attention portée aux flux logistiques (réduction des kilomètres parcourus à vide…).
Dans le même temps, des initiatives sont menées pour favoriser le développement du transport par voie fluviale et rail pour décarboner le transport de céréales, notamment en encourageant le transport combiné route-rail-fleuve. Un transport par voie d’eau qui possède de nombreux atouts grâce à la massification qu’elle apporte, comme le rail. Son prix est compétitif (deux à quatre fois moins cher que par la route) et il permet de limiter sensiblement le bilan carbone (une péniche peut transporter l’équivalent de 125 camions). De quoi répondre aux exigences d’un nombre croissant de clients souhaitant un transport durable et compétitif des grains. Des projets sont donc engagés tel Multiregio qui souhaite moderniser et élargir ce mode de transport en France, puis en Europe en mettant en service de nouvelles barges multi-lots mutualisées dans le cadre d’une offre logistique intégrée de A à B. Dans le même temps, les professionnels du secteur céréalier observent avec intérêt les travaux du futur canal Seine Nord Europe. Une infrastructure qui pourrait faire évoluer, dans le futur, certaines stratégies logistiques.
Un train de marchandise roule entre les silos et le cargo @Passion Céréales, programme Terre de partage
Irrigués par le réseau magistral fluvial et ferroviaires, l’important réseau de ports maritimes, de ports fluviaux et de ports secs dont dispose la France est un atout pour la compétitivité de la logistique céréalière. Ils offrent des possibilités sur l’ensemble des façades maritimes française, tant au Sud (Marseille Fos par exemple), qu’à l’Ouest (La Rochelle notamment) ou au Nord (Dunkerque par exemple). Le premier d’entre eux, en volume, est le port de Rouen-Haropa (Havre Rouen Paris), où 9,87 millions de tonnes de céréales ont été exportées lors de la campagne 2019-2020.
Cargo au port de Gennevilliers @Passion Céréales