Journaliste agricole © Passion Céréales
Le métier de Journaliste de l’agriculture et de l’alimentation
Passion Céréales
Si la plupart des journalistes ont un domaine de prédilection ou d’expertise, souvent lié à leurs centres d’intérêt ou à leurs études (politique, économie, international, sports, culture, sciences...), le métier de journaliste agricole requiert un niveau de spécialisation plus ciblé que dans d’autres secteurs de l’information.
En effet, la sphère agricole et alimentaire est une « matière » complexe et multiforme qui recouvre un grand nombre de thématiques transversales ou spécialisées : agronomie, biologie, filières (cultures, élevage, vin...), machinisme agricole, techniques de transformation, politiques agricoles et réglementations, économie et marchés, environnement, sécurité alimentaire...
En règle générale, le journaliste agricole est invité à s’intéresser très tôt à l’un de ces domaines pour en devenir un véritable spécialiste. Son expertise est d’autant plus nécessaire qu’il s’adresse à un public de professionnels dotés d’une bonne connaissance du secteur, en forte demande d’informations spécialisées et ayant des exigences en termes de qualification de l’information.
C’est précisément sur le profil des destinataires de l’information que se fonde la principale distinction entre le journaliste « agricole et de l’alimentation », qui s’adresse à un public ciblé à travers un média spécialisé, et le journaliste « spécialiste des questions agricoles et alimentaires », qui s’adresse au grand public via un média généraliste.*
*On notera toutefois que certains médias, comme l’Agence France Presse (AFP) et Ouest-France, développent une approche éditoriale approfondie des questions agricoles.
La mission du journaliste de l’agriculture et de l’alimentation consiste à rechercher, collecter, sélectionner, analyser et commenter des faits en lien avec le secteur et avec sa propre spécialité afin de les diffuser à son public (lecteurs, abonnés, followers) à travers un média traditionnel ou numérique : presse écrite, radio, TV, site Internet, blog, réseau social.
Ses activités quotidiennes sont très diversifiées
- Il exerce une veille sur les sujets qui le concernent (revue de presse, recherches, lectures...)
- Il est à l’écoute des émetteurs d’informations (communiqués de presse, dossiers de presse, conférences de presse...),
- Il entretient et développe son réseau de sources d’information (professionnels, experts, décideurs, organisations, administrations...),
- Il sollicite ses interlocuteurs par téléphone, email ou sur le terrain,
- Il réalise des interviews et des reportages,
- Il travaille en équipe avec des techniciens (photographe, cadreur, preneur de son) ou réalise lui-même des prises d’images et de son,
- Il analyse les informations recueillies, définit l’axe de son propos (angle d’attaque, plan de rédaction) et rédige son article ou son intervention,
- Il procède éventuellement à l’enregistrement et au montage de son sujet,
- Il transmet sa production au secrétariat de rédaction ou au service éditorial dont il dépend.
Ouvert aux femmes*, le métier de journaliste agricole peut s’exercer sous deux statuts : soit en tant que salarié(e) d’un média, soit en tant que pigiste indépendant(e).
Dans le premier cas, la personne est intégrée à une rédaction (éventuellement au sein d’un service spécialisé selon l’envergure du média) où elle travaille en équipe sous la direction du rédacteur en chef et/ou du responsable de rubrique. Elle participe aux conférences de rédaction, propose des sujets d’articles et contribue à la définition des contenus dans le cadre de la politique éditoriale du média.
En tant que pigiste, le/la journaliste agricole travaille « à la commande » mais est également une force de proposition de sujets pour les médias et rédactions avec lesquels il/elle collabore.
Dans tous les cas, le métier de journaliste agricole requiert une curiosité, un esprit d’ouverture et un goût du travail collaboratif qui s’ajoutent aux aptitudes fondamentales du métier.
Les aptitudes fondamentales du métier
- connaissance approfondie des questions agricoles et/ou alimentaires,
- expertise sectorielle,
- intérêt pour l’univers agricole et le monde du vivant,
- autonomie, mobilité et goût du terrain,
- qualités relationnelles et capacité d’écoute,
- aptitudes rédactionnelles et d’expression orale
*Le journalisme, en général, est une profession où la parité progresse de manière significative depuis les années 2000 : 47,2 % de femmes pour 52,8 % d’hommes en 2018 (source : Observatoire des métiers de la presse). La tendance est encore plus forte dans le journalisme agricole car les effectifs reflètent la montée en puissance féminine dans les formations d’ingénieur agronome : environ 2/3 des diplômé(e)s (source : Le Monde, 18 février 2020).
Le métier de journaliste de l’agriculture et de l’alimentation demande une sensibilité à ces sujets et une attirance pour le monde agricole. C’est pourquoi la profession compte un bon nombre de personnes ayant des origines familiales agricoles ou para-agricoles.
L’une des spécificités du métier est d’offrir deux voies d’accès distinctes
- les formations de journaliste (écoles et instituts publics et privés, Centre de formation des journalistes, CELSA, Sciences Po...),
- les formations d’ingénieur agronome, dispensées par les universités dédiées aux Sciences du vivant et par les écoles spécialisées : Écoles nationales supérieures d’agronomie (Dijon, Montpellier, Nancy, Paris, Toulouse, Bordeaux, Rennes), ESA-Angers, ISA-Lille, LaSalle-Beauvais, Purpan-Toulouse…
En fonction de sa formation initiale, le jeune diplômé devra acquérir des compétences complémentaires pour s’épanouir et réussir dans le métier, soit en termes de spécialisation (agronomie, filières, machinisme, économie...), soit au plan des techniques de l’information et de la communication...
Côté carrière, le journaliste agricole peut évoluer en responsabilités et vers les fonctions d’encadrement : chef de rubrique, rédacteur en chef adjoint, rédacteur en chef, directeur de publication.
Source : cette présentation a été élaborée avec l’aide de l’Association française des journalistes de l’agriculture et de l’alimentation (AFJA).
Julia Landrieu, rédactrice en chef de Référence-agro (groupe Terre-ecos)
« Ingénieure agronome de formation, j’ai découvert le journalisme agricole à l’occasion d’un stage chez Terre-ecos. J’ai immédiatement aimé ce métier qui me permettait de faire la jonction avec mon goût pour l’écriture. Après un passage au ministère de l’Agriculture, je suis revenue dans cette société de presse où j’anime à présent une équipe de journalistes 100 % féminine. L’une des choses que j’apprécie le plus, c’est l’absence totale de routine ! Chaque jour, on rencontre de nouvelles personnes et l’on est confronté aux multiples phénomènes (météo, climat, économie, société...) qui influencent l’actualité du monde agricole. Comprendre et expliquer ce secteur qui est à la base de tout est une activité enrichissante. Et je suis loin d’en avoir fait le tour... »
Arnaud Carpon, rédacteur en chef du site Terre-net.fr
« Le métier de journaliste, qui permet d’être au cœur de l’info et de la nouveauté, est par nature passionnant. En tant que journaliste agricole, je suis amené à traiter des sujets complexes et techniques, avec une difficulté particulière : fournir de l’information à un public à juste titre exigeant car connaisseur. Être journaliste agricole, c’est aussi contribuer à la pédagogie autour des réalités du monde agricole, dont je suis issu par mes origines familiales. Je ressens un sentiment d’utilité comme peut le ressentir l’agriculteur : chacun à notre manière, nous sommes au contact d’une matière – l’alimentation – qui touche directement à la vie et au quotidien des gens. C’est grisant ! »
Pour en savoir plus
Sur l’Association française des journalistes de l’agriculture et de l’alimentation (AFJA) [1]
Sur les formations recensées par l’Observatoire des métiers de la presse [2]
Sur les cursus et diplômes en Agronomie [3]et en Journalisme [4]